Union nationale de l’apiculture française
A peine 12 000 tonnes de miels produites
L’hiver 2023/2024 a été particulièrement doux et humide. Les colonies d’abeilles ont repris leur activité, parfois dès la fin janvier, de manière très précoce. Les mortalités semblaient relativement contenues et la saison s’annonçait sous les meilleurs auspices avec une végétation qui n’avait pas souffert de la sècheresse.
Hélas, les conditions climatiques se sont très vite dégradées et ont perduré tout au long du printemps, jusqu’en début d’été dans les régions du Sud et durant toute la saison au nord de la France et en Bretagne. Pluies (+45% de pluviométrie), périodes de froid, de vent, gelées tardives se sont enchainées durant de longs mois et ne permettaient pas aux abeilles de profiter des floraisons pour butiner nectar et pollen.
Les apiculteurs ont même dû apporter à plusieurs reprises des compléments alimentaires, en plus du miel laissé aux abeilles pour leur alimentation, afin que les colonies ne meurent pas de faim. Un surcout financier considérable pour les exploitations apicoles et un surcroit de travail harassant pour les apicultrices et les apiculteurs.
Fin juin, début juillet, quelques belles journées ont permis des récoltes à peu près correctes et ont sauvé la saison d’un désastre annoncé, notamment dans le Sud et dans le Sud-Ouest.
Dans l’Ouest, le Sud-Ouest, le Centre… les récoltes de printemps comme le colza qui représente généralement un volume conséquent ont été décevantes. Sur le pourtour méditerranéen, les miellées de romarin, de thym ou de bruyère blanche ont été des plus réduites. Seuls quelques miels de garrigues ont pu être récoltés tardivement.
La miellée d’acacia a été fréquemment perturbée en raison des gelées tardives ou des orages au moment des floraisons.
Les récoltes de miel de montagne, de miel polyfloral, de tilleul, de ronce ont été amoindries dans de nombreux secteurs comme en Bretagne et heureusement plus généreuses dans les massifs épargnés par le mauvais temps.
Celle de châtaignier, en revanche, s’est avérée plutôt satisfaisante mais parfois irrégulière en raison d’orages qui ont délavé les fleurs.
En ce qui concerne le miel de lavande, la récolte a été le plus souvent bonne en Provence à l’exception de quelques secteurs où la déception était au rendez-vous et très bonne dans les nouveaux secteurs de production, dans le centre de la France par exemple.
Les productions de miels de sapin, de bruyère callune, de bruyère d’été s’avèrent confidentielles.
La récolte de tournesol varie selon les bassins mais reste meilleure qu’espérée en raison de semis décalés et de conditions météorologiques plus favorables.
Enfin, dans les zones de luzerne ou de sainfoin les apiculteurs ont pu effectuer parfois de belles récoltes.
Contrairement aux années précédentes marquées par des sècheresses récurrentes, ce sont bien les gelées tardives, les périodes de pluies, de froid, de vent qui ont fortement handicapé l’apiculture française en 2024. Le bouleversement climatique et ses différentes facettes, ressenti pas les apiculteurs depuis une bonne quinzaine d’années est omniprésent.
Néanmoins, les consommateurs, de plus en plus exigeants sur la traçabilité, pourront déguster des miels de grande qualité, produits localement, très variés au niveau du gout, de l’arôme comme de la texture.
Pour Christian Pons, le président de l’Union Nationale de l’Apiculture Française : « Compte tenu des informations qui nous sont communiquées par nos syndicats départementaux et nos différents réseaux en métropole et outremer, on peut raisonnablement estimer que la récolte de miel 2024 en France s’élève à environ à 12 000 tonnes. Elle est inférieure de près de 40% à celle de 2023 que nous avions estimé autour de 20 000 tonnes. Les départements les plus impactés par cette chute brutale doivent pouvoir bénéficier d’aides publiques pour empêcher la faillite d’exploitations apicoles fragilisées.
La France produit les mauvaises années à peine un tiers de sa consommation et les conditionneurs importent chaque année près de 30 000 tonnes de miels à bas prix venus des quatre coins du monde en particulier d’Asie.
Le miel est un produit noble. Plus que jamais, les consommateurs privilégient avec raison les miels locaux, pour leur qualité et leur diversité. Le 4 février se déroulera au Palais d’Iéna le Concours des miels de France organisé par l’UNAF et présidé par le chef étoilé Olivier Roelinger. Plus de 300 miels répartis en plus de vingt catégories seront dégustés, évalués par des jurys rigoureux. L’excellence des miels de France ! »