Par Saxo Bank
Les matières premières ont subi un recul généralisé mais modéré le mois dernier, tous les secteurs se négociant à la baisse, principalement sous l’effet d’une troisième baisse mensuelle des céréales après que le secteur ait atteint son plus bas niveau en trois ans dans un contexte d’offre abondante, ce qui a conduit la position spéculative à découvert à un niveau record. Dans l’ensemble, l’indice Bloomberg Commodity Total Return (BCOM), qui suit un panier de 24 contrats à terme sur les principales matières premières, presque également répartis entre l’énergie, les métaux et l’agriculture, s’est négocié en baisse de 1,5 %, soit une quatrième baisse mensuelle.
Le tableau ci-dessous montre les performances de plusieurs contrats à terme de matières premières, dont certains ne font pas partie de l’indice BCOM. Par exemple, le cacao a augmenté d’un tiers, enregistrant sa plus forte hausse mensuelle en 22 ans, alors que la crise de l’approvisionnement en Afrique de l’Ouest continue de causer des dégâts dans l’industrie du chocolat.
Les spéculateurs ne sont plus à blâmer pour la hausse actuelle du cacao
Les cours à terme du cacao ont poursuivi leur ascension parabolique le mois dernier, augmentant de plus d’un tiers pour enregistrer la plus forte hausse mensuelle depuis 22 ans. La hausse, qui s’est accélérée à la fin de l’année dernière, a vu le prix des contrats à terme à New York atteindre un niveau record de plus de 6 000 USD la tonne, soit environ 2,5 fois plus que la moyenne sur cinq ans observée avant 2023. Cette évolution s’explique par un déficit plus important que prévu en 2023-24 – le troisième consécutif – en raison de l’évolution défavorable de la situation en Afrique de l’Ouest, première région productrice au monde, qui représente environ 75 % de la production mondiale. Les fortes pluies tombées au début de la saison ont endommagé les cultures et propagé des maladies avant que les arbres vieillissants ne soient confrontés à la chaleur et à la sécheresse. Tous ces facteurs ont contribué à la baisse de la production et les petits producteurs n’ont pas profité des retombées économiques, ils continueront à avoir du mal à se procurer les pesticides et les engrais nécessaires mais coûteux pour lutter contre les maladies tout en maintenant la production des arbres vieillissants.
Les arrivées de sacs des producteurs de cacao dans les ports de Côte d’Ivoire, le premier expéditeur, sont actuellement en baisse d’environ un tiers par rapport à l’année dernière, et avec la récolte de mi-saison, après mars, s’annonce également difficile, ce qui a suscité des inquiétudes quant à la disponibilité du cacao pour satisfaire aux obligations de vente déjà convenues, laissant potentiellement certains des principaux producteurs de chocolat à court d’argent, les obligeant à entrer sur le marché des contrats à terme pour sécuriser leurs approvisionnements, se transformant par inadvertance en acheteurs de contrats à terme plutôt qu’en vendeurs normaux (activité de couverture). L’examen des données hebdomadaires du Commitment of Traders montre que les producteurs sont de plus en plus les principaux acheteurs, car ils réduisent leurs positions courtes, tandis que les fonds spéculatifs sont vendeurs nets depuis plusieurs semaines, réduisant ainsi leur position longue nette à son niveau le plus bas depuis 11 mois.