ven. Déc 13th, 2024

Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France

Avec une baisse de 14% depuis le pic annuel de mai, l’indice des matières premières de Bloomberg retombe à son plus bas niveau depuis août 2021.

Cet indice qui inclut les matières premières liées à l’énergie, les métaux industriels ou encore les matières premières agricoles a clairement accéléré son repli à partir de juin/juillet lorsque les craintes pour la croissance mondiale ont commencé à se renforcer.

Des craintes venant de Chine avec des publications macro irrégulières n’apportant toujours pas de visibilité dégagée sur l’économie chinoise, notamment en ce qui concerne la demande intérieure. En Europe également avec la publication d’indicateurs avancés d’activité montrant une absence d’amélioration dans le secteur manufacturier (PMI manufacturier toujours contracté à 45.8) et en perte de vitesse dans les services (dernier PMI services à 51.9 contre 53.2 deux mois auparavant). Et enfin du côté des Etats-Unis avec un flot de chiffres économiques plus décevant depuis le deuxième trimestre : l’indice de surprise économique américain (chiffres publiés vs consensus) est passé de +40 début avril à -47 début juillet, soit un repli assez marqué.

Le discours très prudent de Jerome Powell la semaine dernière, évoquant les risques de « hard landing » de l’économie si la Fed n’était pas vigilante ainsi que la hausse de taux « surprise » de la Banque du Japon ont renforcé les craintes du marché concernant les perspectives de croissance mondiale, entraînant un repli prononcé de l’ensemble des matières premières.

Mais cette chute des matières premières présente aussi des avantages : elle éloigne le risque de rebond de l’inflation et offrira plus de marge de manœuvre à la Fed et la BCE pour baisser les taux, elle permet aussi de faire pression à la baisse sur les anticipations d’inflation moyen-terme (swap d’inflation 5Y5Y) qui se rapprochent des 2% aussi bien pour l’Europe que pour les Etats-Unis, restant de ce fait bien « ancrées » (ce qui importe beaucoup pour Jerome Powell et Christine Lagarde qui n’ont eu de cesse de répéter lors des dernières réunion l’importance de l’ancrage des anticipations d’inflation à moyen-terme).

Cette chute des matières premières et notamment des prix de l’énergie est également favorable à l’industrie européenne (on pense notamment à l’Allemagne) et pourrait ainsi permettre d’améliorer les perspectives manufacturières (rebond des PMI ?) ainsi que le pouvoir d’achat des consommateurs européens.

Enfin, cette chute des matières premières participe aussi à la détente des taux obligataires aux Etats-Unis et en Europe, ce permettra aussi d’assouplir dans les semaines et les mois qui viennent les conditions de crédit.

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