Par Terres Univia
En 2023, la sole d’oléoprotéagineux a légèrement progressé pour atteindre 2,6 millions d’hectares (+ 3 % par rapport à 2022). Les rendements ont globalement été meilleurs qu’en 2022, hormis en colza. La production a également augmenté de 3,2 % pour atteindre 7,5 millions de tonnes.
COLZA
Après le bond de 2022 (+ 26 % par
rapport à 2021), les surfaces de
colza en France ont de nouveau pro-
gressé, passant de 1 230 000 hec-
tares (ha) en 2022 à 1 345 000 ha
en 2023, soit une augmentation
de 9,3 %. La culture a bénéficié de
bonnes conditions à l’automne et
en sortie d’hiver, mais les rende-
ments ont été plus bas (moyenne
nationale de 32,2 quintaux (q) ha)
que ceux, exceptionnels, de 2022
(36,7 q/ha). Les rendements 2023
sont, par ailleurs, légèrement en
dessous de la moyenne quinquen-
nale (32,5 q/ ha). Ainsi, la produc-
tion française accuse une baisse
de 4,2 % à 4 328 000 tonnes. La
teneur en huile de la récolte s’est
révélée correcte, à 43,3 % aux
normes, soit 0,2 point en dessous
de la moyenne quinquennale.
En 2023/24, la trituration progres-
serait de 130 000 tonnes, à 4,38
millions de tonnes (Mt), par rap-
port à la campagne précédente
(+ 3 %), après une forte augmen-
tation entre 2021/22 et 2022/23,
en lien avec des marges de tritura-
tion favorables au colza. Les impor-
tations seraient en légère baisse, à
1,38 Mt pour 2023/24, à mettre en
relation avec un recul prononcé des
exports qui passeraient de 1,30 Mt
à 1,10 Mt. Les graines françaises
ont en effet été attractives sur le
marché national.
Au niveau européen, la production
de colza a progressé de près de
3 %, passant de 19,4 Mt en 2022
à 19,9 Mt en 2023 (UE-27, hors
Royaume-Uni à 1,2 Mt), notam-
ment sous l’effet d’une progres-
sion de près de 6 % des surfaces.
La France, malgré la baisse de sa
production, reste le premier pro-
ducteur européen de graines de
colza, devant l’Allemagne à 4,2 Mt.
TOURNESOL
Après une forte progression
entre 2021 et 2022 (+ 24,8 %),
la sole de tournesol a légèrement
régressé en 2023 pour atteindre
822 000 ha, soit une baisse de 5,6 % (871 000 ha en 2022). Le ren-
dement moyen national s’est nette-
ment amélioré, à 25,2 q/ha, compte
tenu de conditions climatiques plus
clémentes qu’en 2022. Sous l’effet
de cette hausse de rendement, la pro-
duction de graines a fortement pro-
gressé pour atteindre 2,1 Mt, soit un
niveau inégalé depuis plus de 30 ans.
La teneur en huile a progressé de
0,5 point par rapport à 2022, à 44,4 %
aux normes, mais reste en-deçà de la
moyenne quinquennale (44,8 % aux
normes).
La trituration de tournesol devrait for-
tement progresser sur la campagne
2023/24 pour atteindre 1,36 Mt de
graines contre 1,18 Mt en 2022/23,
soit une hausse de 15,2 %. Sous l’in-
fluence de l’augmentation de la pro-
duction, les importations devraient
être en baisse sensible, à 200 000
tonnes (contre 342 000 tonnes en
2022/23). Les exportations devraient
en parallèle nettement augmenter,
de 585 000 tonnes en 2022/23 à
680 000 tonnes en 2023/24.
Les imports de tourteaux de tourne-
sol, en très grande majorité high-
pro, ont progressé entre 2021/22 et
2022/23, pour s’établir à 648 000
tonnes (+ 17,6 %), malgré une nou-
velle baisse des livraisons en prove-
nance d’Ukraine (93 000 tonnes en
2022/23, contre 191 000 tonnes en
2021/22), compensée notamment
par des tourteaux d’origine argentine.
SOJA
Les surfaces de soja ont nettement
diminué entre 2022 et 2023 pour
atteindre 158 000 ha (-14,1 %). En
effet, les faibles rendements de 2022
(20,5 q/ha en moyenne nationale, un
record depuis 30 ans) n’ont pas favo-
risé les emblavements. Les rendements
ont cependant progressé en 2023 en
raison des conditions climatiques plus
favorables et ce, malgré d’importantes
pertes causées par des ravageurs de fin
de cycle (pyrales du haricot, punaises)
dans certaines zones du Sud-Ouest.
Le rendement national s’établit finale-
ment à 24,3 q/ha. En conséquence, la
production hexagonale progresse légè-
rement, à 384 000 tonnes (+ 2,4 % par
rapport à la campagne précédente).
La trituration devrait se maintenir à
340 000 tonnes en 2023/24, en forte
baisse par rapport au niveau historique
en raison de marges plus favorables au
colza sur une partie de la campagne.
Les exports de graines progresseraient
de 30 % par rapport à la campagne
précédente, à 120 000 tonnes, les
graines françaises ayant été particu-
lièrement compétitives sur le mar-
ché non OGM nord-communautaire.
La France continue toutefois d’im-
porter des volumes de tourteaux de
soja importants, ils ont été de 2,7 Mt
en 2022/23, un niveau relativement
stable par rapport à 2021/22 (2,8 Mt).
La demande française de tourteaux
non OGM s’est stabilisée par rapport
à la campagne précédente, à 50 %
de la demande historique, malgré la
baisse de la prime non OGM à des
niveaux antérieurs à 2021 (+ 50 ¤/t
sur le tourteau). En effet, l’inflation
alimentaire consécutive à la guerre
en Ukraine, et avant cela la crise Covid
mondiale, ont mis à mal la consomma-
tion de produits sous labels, principaux
débouchés des tourteaux non OGM
DES PRIX D’OLÉAGINEUX QUI TENDENT À SE STABILISER À DES NIVEAUX INFÉRIEURS À L’AVANT-GUERRE EN UKRAINE
Après avoir chuté sur la campagne 2022/23, les prix ont eu globalement tendance à se stabiliser. Ils sont inférieurs à ceux ayant précédé la guerre en Ukraine, mais restent supérieurs aux niveaux historiques pré-Covid.
Le prix de la graine de soja est resté relativement élevé par rapport à ceux des autres oléagineux sur le premier semestre de la campagne 2023/24, avant de revenir à des différentiels plus habituels à partir de janvier 2024. En effet, la récolte mondiale devrait atteindre un niveau record de près de 400 Mt, avec notamment une production argentine qui devrait très fortement augmenter (50,0 Mt en 2023/24 contre 22,3 Mt en 2022/23) et des productions nord-américaines et européennes (UE, Russie et Ukraine) qui se maintiendraient (respectivement autour de 120 Mt et 15 Mt). Les stocks sont ainsi en progression sur les deux dernières campagnes.
Le prix de la graine de colza a connu une tendance légèrement baissière depuis le début de 2023/24. En effet, les stocks conséquents de début de campagne ont fait progresser la disponibilité de graines de façon importante. En parallèle, la demande européenne plus faible qu’attendue pour de l’huile de colza a également influencé le prix des graines. La concurrence des huiles usagées d’importation, dont le niveau de durabilité est aujourd’hui contesté, sur le marché du biodiesel européen a probablement contribué à priver le colza français de débouchés sur le marché du biocarburant à faible niveau d’émission en GES (Gaz à Effet de Serre). Le prix de la graine de tournesol française a également baissé depuis le début de la campagne en raison d’une production record et de la concurrence des graines est-européennes.
Il n’existe plus à date de prime sur le tournesol oléique.
Les cours des huiles de colza, tournesol et soja ont également
été orientés à la baisse depuis le début de la campagne 2023/24, notamment en raison de disponibilités qui devraient être en progression. En effet, des niveaux de trituration records sont attendus sur le plan mondial pour les trois graines (respectivement 76 Mt, 54 Mt et 324 Mt). La demande en huile de soja étant plus faible qu’attendue, notamment aux États-Unis où la consommation d’huiles usagées pour la production de biodiesel a été importante, une baisse particulièrement forte est constatée sur cette huile ces derniers mois.
Le prix de l’huile de soja est même passé en février 2024 en dessous des prix des autres huiles végétales.
Des éléments haussiers pourraient toutefois intervenir en fin de campagne : une tension pourrait survenir sur le marché de l’huile de palme, entraînant par ricochet une progression des cours des autres huiles. Les prix du pétrole et de l’énergie, auxquels sont en partie corrélés ceux des huiles, devraient également rester élevés sur fond de tensions au Moyen-Orient.
POIS
En 2023, la culture du pois en
France a regagné du terrain pour
atteindre 150 400 ha, soit 13,2 %
d’augmentation par rapport à l’an-
née précédente, sans retrouver tou-
tefois le niveau de 2021.
La campagne 2023 a été marquée
par de bonnes conditions d’im-
plantation des pois d’hiver et de
printemps. Pour autant, les condi-
tions climatiques, en particulier les
gels tardifs et les pluies de début de
printemps, ont favorisé la présence
de maladies en pois d’hiver tandis
que les températures élevées au
moment de la floraison et le retour
des pluies à la récolte ont pénalisé
la culture de pois de printemps.
Les rendements 2023 (32,0 q/ha
de moyenne) ont été meilleurs
qu’en 2022 (30,0 q/ha), ce qui
conduit en 2023 à une production
de pois de 481 000 tonnes, soit
+ 20,6 % par rapport à 2022.
En conséquence, la consommation
intérieure de pois par l’alimentation
animale industrielle a progressé en
2023/24, tout comme les exporta-
tions. La Belgique reste la 1re destina-
tion pour le pois français (de l’ordre de
100 000 t). La Chine est revenue aux
achats sur le marché hexagonal après
une absence en 2022/23. Par contre,
la fabrication d’ingrédients à base de
pois marque le pas avec moins de
contrats passés avec les collecteurs
fournisseurs de graines.
Dans l’Union européenne, les surfaces
ont fortement progressé en 2023 à
962 000 ha (+ 24 % par rapport à
2022), en particulier en Espagne, mais,
du fait d’un rendement moyen déce-
vant, la production (proche de 2 Mt)
n’a augmenté que de 4 %. La France
reste le 1 er pays producteur de pois
de l’UE avec 25 % de la production,
devant l’Allemagne.
FÉVEROLE
Avec 81 500 ha, les surfaces de féve-
role en France ont retrouvé en 2023
le niveau qu’elles occupaient en 2021.
Le printemps chaud et sec n’a pas
permis dans l’ensemble d’atteindre
des niveaux de rendement satisfai-
sants, excepté dans le nord de la France
où des pluies arrivées tardivement
en juillet-août ont favorisé un bon
remplissage. Le rendement moyen
national est toutefois meilleur qu’en
2022 (26,7 q/ha contre 23,2 q/ha)
mais reste faible au regard des perfor-
mances observées dans le passé pour
cette culture. La production française
de graines de féverole s’établit tout
de même en 2023 à 218 000 t contre
158 000 t en 2022.
L’alimentation animale reste le 1 er
débouché de la féverole française, sur
le marché intérieur (principalement en
autoconsommation) comme à l’export
(surtout vers la Norvège). Les expédi-
tions de féverole décortiquée vers ce
pays pour la pisciculture (54 000 t
en 2022/23) se maintiendraient en
2023/24, alors que les importations
(50 000 t en 2022/23) devraient dimi-
nuer. Les volumes de féverole en prove-
nance du Royaume-Uni ont été divisés
par deux au profit de lots importés de
Lettonie, d’Allemagne et de Lituanie.
LÉGUMES SECS
Après une diminution marquée, de
37 500 ha en 2019 à 29 300 ha en
2022, les surfaces de lentille en France
se sont globalement maintenues en
2023, comptabilisant ainsi 28 700 ha,
avec toutefois de fortes disparités
entre les régions en termes d’évolution
des surfaces (voir page 32 consacrée
aux légumes secs). Les conditions cli-
matiques, en particulier un printemps
sec dans la moitié sud, les pics de
chaleur pendant la floraison sur la
façade atlantique ainsi que les pluies
orageuses dans le Sud-Ouest, et plus
globalement à partir d’août, ont limité
le potentiel de rendement. Les résul-
tats 2023 ont été très variables selon
les bassins : 5 q/ha de moyenne en
Haute-Loire, 14 q/ha dans le Centre-
Val de Loire, 16 q/ha dans l’Aube, la
Marne et l’Yonne, 22 q/ha en Vendée
et Charentes, etc.
Sur la campagne 2022/23, les impor-
tations de lentille ont encore aug-
menté pour atteindre 39 500 t (contre
36 500 t en 2021/22), provenant
majoritairement du Canada, mais
également de Turquie et de Chine. La
France a, quant à elle, exporté près de
4 900 tonnes de lentille. Ce déséqui-
libre des échanges illustre la dépen-
dance encore marquée de la France
aux approvisionnements de lentille en
provenance de pays tiers et le besoin
de poursuivre le développement de la
production sur nos territoires afin de
répondre à une demande croissante de
légumes secs d’origine locale.
Concernant la culture du pois chiche,
l’année 2023 a été marquée par une
augmentation de près de 50 % des
surfaces, passant ainsi de 16 100 ha en
2022 à 24 000 ha, soit un niveau voi-
sin de 2020. Tout comme la lentille, les
rendements sont toujours très hétéro-
gènes selon les zones : 6 à 10 q/ha de
moyenne dans le Sud-Est (10-15 q/ha
en vallée du Rhône), 18-20 q/ha à
25-30 q/ha dans le Sud-Ouest.
La campagne de commercialisation
2022/23, quant à elle, a été caracté-
risée par un doublement des impor-
tations de pois chiche, passant ainsi
de 9 500 t à 20 100 tonnes, confir-
mant la forte demande du marché et
l’absence de stock. Les exportations
de pois chiche se sont maintenues
(19 800 t versus 23 500 t en 2021/22)
de leur côté.