L’agroforesterie s’avère bénéfique pour les agriculteurs et pour les animaux d’élevage. Source d’énergie pour les premiers et abri protégeant de la chaleur pour les autres, elle remédie aux aléas climatiques, et préserve la biodiversité. Le prix « Pratiques Agro-écologiques » a été créé dans le cadre du Concours Général Agricole (1) pour encourager les agriculteurs qui ont recours à cette nouvelle pratique. Il sera remis au Salon International de l’Agriculture.
« Alors que la crise énergétique alerte depuis plusieurs mois et anime les débats, les haies constituent une ressource d’énergie neutre en carbone qui reste peu connue et peu exploitée. Heureusement, les agriculteurs savent en tirer profit à condition d’entretenir et de gérer durablement leurs haies », déclare Philippe Hirou, administrateur de l’Afac-Agroforesteries, dans le cadre du Concours Général Agricole, organisé par CDA France (2) et l’Afac-Agroforesteries (3). Les haies et arbres aux multiples essences présents sur les exploitations agricoles participent à l’augmentation de la rentabilité de l’exploitation agricole. Ils protègent également le bétail. Véritable atout paysager territorial, ils délimitent les parcelles et favorisent la lutte anti-érosion. Ils sont un réservoir de biodiversité, participent au stockage du carbone, à la ressource en eau et à la conservation des sols. La catégorie « gestion » du Concours des « Pratiques Agro-écologiques Agroforesterie » récompense les agriculteurs qui ont conservé des haies de plus de dix ans. Bien entretenues, ces haies apparaissent comme un investissement garanti pour les exploitants agricoles, et souvent source de rémunération supplémentaire. En stockant du carbone, les arbres des haies produisent de la biomasse.
Dans le Finistère, Jean-François Glinec, éleveur, finaliste du Concours des Pratiques Agro-écologiques, produit 100 stères de bois bûche pour sa consommation et pour la vente. Martin Desplat, agriculteur en Indre-et-Loire, également finaliste, explique : “Je suis paysan boulanger sur un territoire globalement dépourvu d’arbres et de haies. Pour moi, l’arbre est une composante majeure du système de production, que ce soit pour alimenter mon four ou pour tous les services écosystémiques qu’il fournit.” Face à la raréfaction de la paille et à son prix croissant (+34% entre 2000 et 2020), la litière plaquette pour les animaux permet de réduire des coûts. Le bois issu des haies est déchiqueté et transformé en plaquettes de bois-énergie.
Dans l’Orne, Philippe Derouault, éleveur et producteur de cidre, transforme ses haies bocagères en bois de chauffage pour sa distillerie. Puis il utilise les copeaux comme litière pour ses animaux. Il vend le surplus de bois à une SCIC. Dans le Doubs, Eloi Petit, en polyculture-élevage, finaliste de la catégorie « implantation » entretient des haies de moins de 4 ans qui assurent déjà l’autonomie de la ferme en fournissant au troupeau d’ovins, une litière de qualité. Les vaches peuvent manger les branches des haies tout en entretenant indirectement les espaces. En plus de ces valorisations économiques et écologiques, la gestion des arbres de haies favorise la production de bois d’œuvre pour fabriquer des meubles, construire de l’habitat, installer des charpentes ou encore finir entre les mains des menuisiers, selon l’essence et l’entretien réalisé. L’agroforesterie est une des « Pratiques Agro-écologiques » à découvrir le 3 mars prochain lors de la remise des prix aux agriculteurs lauréats, au Salon international de l’Agriculture (SIA).
(1) À propos du Concours Général Agricole : Depuis sa création il y a 150 ans, le Concours Général Agricole récompense et valorise les meilleurs produits du terroir français en décernant chaque année, des médailles d’or, d’argent ou de bronze. Il encourage les producteurs, soutient leur développement économique, contribue à la formation des futurs professionnels et fournit aux consommateurs des repères pour les aider dans leur choix. (2) CDA France ou Chambres d’Agriculture France est la tête du réseau des chambres d’agriculture, co-organisatrice du Concours « Pratiques Agro-écologiques » (3) L’Afac-Agroforesteries est une fédération nationale rassemblant 235 organismes qui agissent pour le développement de l’arbre et la haie, partout en France, co-organisatrice du Concours « Pratiques Agro-écologiques »
REMISE DE PRIX « PRATIQUES AGRO-ÉCOLOGIQUES »
Salon International de l’Agriculture – Vendredi 3 mars 2023
Un événement coorganisé par Chambres d’agriculture France et l’Afac-Agroforesteries à l’occasion du Concours Général Agricole.
« Les agriculteurs sont des acteurs clé de la transition agro-écologique et par ce concours nous souhaitons mettre en avant le travail qu’ils fournissent chaque jour », déclare Philippe NOYAU, agriculteur en Loir et Cher et Président du comité d’orientation de ce concours. Lancé en 2014 dans le cadre du Concours Général Agricole, la remise de prix pour le concours « Pratiques agro-écologiques » se décline en deux volets: l’un consacré à l’agroforesterie, l’autre aux prairies et parcours. Pour cette nouvelle édition, 50 finalistes ont été sélectionnés par voie de concours locaux présidés par des jurys d’experts bénévoles, suite à la visite de 254 parcelles sur les 47 territoires organisateurs inscrits.
Les prix seront remis au SIA, le 3 mars 2023 après-midi.
Une catégorie Jeunes jurés destinés à des élèves en bac pro ou BTS agricole, récompensera des jeunes pour la partie prairies-parcours et à titre expérimental, pour la partie agroforeseterie.
Prairies-Parcours & Agroforesterie
Entre agronomie et écologie, le concours valorise des pratiques adaptées à la spécificité de leur territoire, en cohérence avec leurs objectifs de production et de qualité des produits, dans le respect de la biodiversité. Le volet « Prairies et Parcours » concerne des prairies permanentes de fauche ou de pâture non semées et riches en espèces floristiques. Les enjeux du territoire sont pris en compte, autant que la démarche de l’agriculteur et ses modes d’exploitation : fauche ou pâturage exclusif, prioritaire ou secondaire. Le volet « Agroforesterie », qui a été créé en 2020, évalue tout système associant arbres et production agricole. Sont examinées la conception du système, son implantation, sa gestion et les pratiques de renouvellement. «Il est important de démontrer que nous pouvons et savons préserver notre environnement qui est notre outil de travail. Nous avons des pratiques respectueuses même si nous subissons des contraintes économiques importantes» témoigne Pierre-Luc TISCHMACHER, exploitant à Lautenbach, finaliste du territoire Montagne Vosgienne Haut-Rhinoise en Prairies. Territoires et agriculteurs
En local dans les territoires, les candidats des pratiques agro-écologiques sont accompagnés par des organisations professionnelles agricoles, des collectivités ou structures assimilées, des associations… Un concours local est ouvert lorsqu’il réunit au moins quatre agriculteurs par territoire. Une édition du concours des pratiques agro-écologiques se déroule sur une période d’1 an et 4 mois environ et est organisé en deux phases, une phase locale de novembre à mi-octobre, où sont sélectionnés des finalistes locaux, une phase nationale de la seconde quinzaine d’octobre à début mars organisée par la coordination nationale, à l’issue de laquelle seront sélectionnés les lauréats nationaux.
Mobiliser et créer des partenariats
Le concours des pratiques agro-écologiques met en lumière les actions menées par les multiples acteurs des territoires sur les enjeux agriculture, eau, biodiversité… en faveur de la transition écologique. En local, il est un outil de promotion et d’animation des politiques publiques agro-environnementales. Pour les structures organisatrices, ce concours se révèle être une véritable vitrine comme une reconnaissance officielle des travaux menés par les structures et agriculteurs. C’est aussi l’opportunité pour elles de créer de nouveaux partenariats.