Sondage de terrain réalisé par Agritel du 20 au 25 juillet 2023[1]
« Agritel estime la récolte française de blé tendre à 34,8 millions de tonnes.
Cette moisson 2023 est correcte dans l’ensemble mais elle déçoit par rapport aux attentes du printemps » annonce Gautier Le Molgat, directeur général d’Agritel, groupe Argus Media.
Une perte de potentiel en fin de cycle
Les conditions hivernales satisfaisantes et le début du printemps humide promettaient un très haut niveau de rendement cette année, ce que traduisait les notations de culture à leur plus haut historique. Les épisodes de gel tardif du mois d’avril dans l’est de la France, et surtout l’absence totale de pluie de mi-mai à mi-juin, ont nettement réduit le potentiel de production dans les deux tiers nord du pays. « Nous avons perdu 2 à 3 Mt de potentiel sur mai-juin » évalue Gautier Le Molgat. Ainsi en 2023, la production française de blé tendre s’affiche à 34,82 Mt, en hausse de 1,12 Mt par rapport à l’an passé (33,69 Mt) et de 1,3 % par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Cette estimation se base sur les surfaces établies par le ministère de l’Agriculture : 4,77 millions d’hectares, soit +1,5 % par rapport à la campagne précédente. Le rendement estimé par Agritel s’élève à 73,02 quintaux par hectare, soit +1,4 % par rapport à la moyenne quinquennale.
Des rendements très hétérogènes
« Face à des conditions météo très compliquées en fin de printemps, une grande hétérogénéité des rendements est enregistrée entre les régions et au sein même des exploitations, selon les types de sols et les variétés » ajoute Gautier Le Molgat. Seul le sud de la France a bénéficié de pluies en fin de printemps. Ainsi, du sud de la région Aquitaine à l’Auvergne-Rhône-Alpes en passant par l’Occitanie les rendements sont nettement au-dessus de la moyenne. Ils connaissent en 2023 une très forte progression par rapport à la très mauvaise récolte 2022 impactée par la sécheresse. A contrario, une large zone décroche, de la moitié ouest de la région Centre-Val de Loire à la région Grand-Est en passant par le nord de la Bourgogne-Franche-Comté, avec des rendements inférieurs à la moyenne quinquennale. Cette zone a le plus souffert du sec, du vent, des coups de froid du printemps et des coups de chaud de la fin de cycle. Les résultats des régions du nord et de l’ouest ne sont pas aussi élevés que l’an passé mais tirent leur épingle du jeu. Forts de terres plus profondes, l’Île de France, les Hauts-de-France et la Normandie ont bénéficié, comme la Bretagne, de températures plus modérées. Enfin, l’Aquitaine et les Pays de la Loire, plus précoces, ont échappé au pire.
Une récolte prête à répondre aux besoins du marché
La qualité du cru 2023 est elle aussi hétérogène, en particulier le poids spécifique, selon la pluviométrie avant moisson, les types de sols et les variétés. La moisson ayant été freinée par les pluies dans tous les départements côtiers de la Manche, il reste à ce jour environ 12,5 % de la récolte française sur pied. Toutefois, dans l’ensemble, une large majorité des volumes sera au-dessus des normes de qualité. « Nos principaux débouchés trouveront la marchandise recherchée » insiste Gautier Le Molgat. L’export s’est montré timide ces derniers mois en France tant les blés russes dominaient les échanges. L’incertitude qui revient sur la mer Noire pourrait rebattre les cartes. « C’est donc avec une extrême volatilité que les cours devraient poursuivre leur évolution. La gestion du risque de prix reste le facteur clé de la performance économique, tant chez les producteurs que chez les organismes stockeurs et les industriels de l’agro-alimentaire » conclut Gautier Le Molgat.