JLC : En tant que producteur, ce qu’on essaye de piloter c’est notre revenu, et non des prix. Car on peut avoir une maîtrise sur ce sujet. En revanche, il existe une variable sur laquelle on ne peut pas agir, c’est le réchauffement climatique. Malheureusement, les marchés financiers amplifient ces « rumeurs » climatiques. Nous sommes beaucoup dans le doute comme nous ne connaissons pas les composantes de rendement. C’est dans ce contexte que la démarche Agri-Éthique France a du sens car elle sécurise nos revenus. Il y a une quinzaine d’années on a pu croire que nous, les producteurs, nous étions des boursicoteurs, on a rapidement compris que c’était un métier mais pas le nôtre. Nous, nous sommes des hommes de terrain, passionnés des techniques culturales, de la qualité des sols, de l’environnement.
LB : Notre démarche vise à garantir des ressources à chacun pour le mieux-vivre ensemble. J’ai envie de m’adresser aux industriels en leur disant qu’une autre perspective est envisageable ; en dehors des décisions politiques, loin des marchés et de la spéculation. Industriels, vous devez passer à l’action et anticipez de possibles pénuries de matières premières pour « dérisquer » car la réalité de terrain le montre : le nombre d’exploitation s’amenuit, le changement climatique crée de l’incertitude tout comme les aléas géopolitiques, ce qui engage une plus grande volatilité des marchés. À ce titre, sécuriser les approvisionnements des matières premières est une nécessité absolue. Pour ce faire, les producteurs et les acteurs économiques doivent se prendre en main, co-construire des relations bénéfiques et durables ensemble et non attendre qu’une réglementation politique émerge. Nous devons faire du modèle Agri-Éthique France un standard de commercialisation et de transition.
JLC : Il y a une urgence à agir car le temps économique n’est pas le temps politique. Chacun dans son domaine doit se responsabiliser sur notre bien commun qu’est l’alimentation, il s’agit du bien-vivre collectif. Éloignons-nous des injonctions politiques ! C’est ce que permet le label Agri-Éthique France.
|