Alors que les premiers bilans de la saison 2023 montrent une baisse de la production de tomates et des surfaces qui plafonnent, l’Association d’Organisations de Producteurs nationale Tomates et Concombres de France dénonce le manque d’investissement des pouvoirs publics pour la filière et la multiplication des contraintes réglementaires. Une situation qui conduit chaque année à l’augmentation de la part des tomates d’importation dans la consommation des Français.
Production française en baisse, augmentation des volumes d’importation
Au 1er septembre, selon une note du ministère de l’Agriculture, la production nationale de tomates recule de 13 % en 2023, à 457 000 tonnes. Une baisse imputable à la production sous serre qui recule de 13% sur un an. Cette même note constate un plafonnement des rendements par la diversification des surfaces vers des variétés anciennes et des petits fruits, avec des rendements plus faibles.
Alors que le taux d’approvisionnement de la France n’est que de 58 % en moyenne entre 2019 et 2021, l’AOPn Tomates et Concombres de France s’attend à ce que ce chiffre empire. Grande gagnante, la filière marocaine de production de tomates enregistre une nouvelle fois des chiffres records sur la période 2022/2023. Sur plus de 700 000 tonnes exportées vers l’Europe, dont 51 % vers la France, profitant d’accords commerciaux ultra-favorables et d’absence d’étiquetage clair de leur origine.
Des contraintes qui s’accumulent
En 2023, la filière tomates a dû faire face à de nombreuses contraintes conjoncturelles compromettant sa productivité : manque de lumière en début de saison et augmentation des coûts de production, obligeant parfois les producteurs à décaler leurs plantations, etc.
Mais au-delà de ces facteurs, la filière doit aussi subir de multiples pressions réglementaires qui sont le seul fait de mesures non adaptées aux réalités de terrain. Ainsi, l’application du volet emballage de la loi AGEC, avec ses décrets d’application successifs, se télescope elle-même avec une réglementation européenne en cours d’élaboration. Cette instabilité réglementaire risque d’engendrer des coûts d’investissements supplémentaires en équipements d’emballages qui auraient largement pu être évités pour la filière.
Où est passé le plan souveraineté « fruits et légumes » ?
« Aujourd’hui, nous observons peu de projets de construction ou de rénovations de serres ; les producteurs attendent des signaux forts pour investir », déclare Jean-Pierre La Noë, président de l’AOPn Tomates et Concombres de France. « Le plan de souveraineté fruits et légumes du Gouvernement ne tient clairement pas ses promesses. L’alternative est pourtant simple : l’augmentation de notre production de manière substantielle avec un véritable plan de développement et d’investissement et le renforcement de l’accompagnement à la rénovation du parc de serres français, ou la disparition progressive de la filière au profit de l’import. »