Par Argus média
En cumulant des pertes de rendement et de surface, la moisson 2024 en France est désastreuse, fragilisant la filière céréalière.
« Selon le sondage de terrain réalisé par Argus Media du 1er au 5 août 2024[1], la récolte française de blé tendre est estimée à 25,17 Mt, en recul de -27,2 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années de 34,58 Mt. C’est 9,9 Mt de moins qu’en 2023 ! » déclare Gautier Le Molgat, directeur d’Argus Media France.
La conséquence d’intempéries à répétition des semis à la récolte
Le rendement, estimé par Argus Media en France, pour la récolte de blé tendre 2024, est de 59,33 quintaux par hectare, ce qui représente une chute de -18,7 % par rapport à la moyenne quinquennale. « Les rendements de blé tendre sous les 60 quintaux par hectare avaient disparu depuis la fin des années 80 en France. Mais les aléas climatiques nous ramènent en arrière. D’abord avec la très mauvaise récolte de 2016 qui avait enregistré 53,74 quintaux/hectare et aujourd’hui avec celle de 2024 ! », déplore Gautier Le Molgat.
Les facteurs qui ont conduit à cette chute des rendements sont multiples : une mauvaise implantation, une asphyxie des racines par excès d’eau, une forte pression des maladies et des adventices, des températures trop faibles pendant la phase de reproduction et encore le manque d’ensoleillement. Les intempéries ont été à répétition du semis à la récolte. La grande majorité des régions de production accuse des baisses presque uniformes de -15 à -25 % de rendement par rapport à la moyenne. Seule la zone la plus au Sud enregistre un moindre recul.
« La production de blé est encore plus faible cette année qu’en 2016. Cette saison, l’excès de précipitations a commencé dès l’automne empêchant la bonne réalisation des semis. Les surfaces ont perdu -10,5% sur un an pour tomber à 4,243 millions d’hectares. Il a manqué 900 000 ha par rapport à 2016, d’où une récolte encore plus mauvaise ! », déclare Gautier Le Molgat.
Une filière céréalière fragilisée
« Il faut remonter à 1983 et ses 24,5 Mt pour retrouver une récolte aussi faible en France », ajoute Gautier Le Molgat. Au-delà des rendements, les pluies successives ont également affecté la qualité des blés. Elle ressort comme très hétérogène à travers le pays, notamment en termes de poids spécifique. Un important travail du grain devrait toutefois permettre de répondre aux attentes qualitatives des débouchés les plus exigeants malgré un volume fourrager important.
« Des exploitations agricoles aux exportateurs, en passant par les collecteurs, les industriels et les transporteurs, l’ensemble de la filière céréalière française devrait souffrir des conséquences de cette chute historique de production de -9,9 Mt sur un an», conclut Gautier Le Molgat.