L’AUTONOMIE ALIMENTAIRE DES TROUPEAUX
L’autonomie alimentaire d’une exploitation d’élevage correspond à la forte proportion de nourriture (fourrages et concentrés) destinée aux animaux de l’exploitation, produite sur la ferme.
En élevage herbager, les animaux entretiennent la fertilité du sol grâce à leurs déjections qui permettent de nourrir les plantes, vitaliser les terres et entretenir la biodiversité. Ils peuvent utiliser des surfaces inondables, peu fertiles ou non labourables pour produire de la viande et du lait. Quelle que soit leur alimentation, tous les animaux d’élevage sont de très bons recycleurs car ils se nourrissent majoritairement de parties végétales comme l’herbe et les fourrages non consommables par l’Homme. Ils ne concurrencent donc pas l’alimentation humaine.
QUELS EN SONT LES BÉNÉFICES ?
L’autonomie alimentaire des troupeaux bovins permet de limiter l’exposition aux aléas climatiques, environnementaux et économiques.
CLIMATIQUES, car la diversité des espèces végétales sécurise l’éleveur en permettant d’étaler la production fourragère sur toute l’année, le rendant ainsi moins dépendant d’un événement météo ponctuel.
ENVIRONNEMENTAUX, car les vaches occupent les prairies et ces prairies, si elles n’étaient pas pâturées, seraient mises en friche, artificialisées ou retournées, ce qui dénaturerait non seulement les paysages mais entraînerait aussi la libération du carbone stocké dans leur sol. Les déjections des bovins peuvent également servir d’engrais naturel aux cultures fourragères, favorisant ainsi leur rotation au sein de l’exploitation et limitant l’utilisation d’engrais chimique. Ces cycles naturels de l’élevage herbager sont ainsi bénéfiques à la biodiversité.
ÉCONOMIQUES, car une exploitation autonome dépend moins des achats d’aliments extérieurs et se révèle donc moins sensible à la volatilité des prix du marché agricole. Une exploitation est également source de dynamisme et d’économie locale. Dans les régions d’élevage, cette activité reste le poumon économique à la base de beaucoup d’autres activités directes ou complémentaires (vétérinaires, techniciens agricoles, travailleurs dans la collecte, transformation et commerce…)
TROIS COMPOSANTES SONT ESSENTIELLES À L’AUTONOMIE ALIMENTAIRE DES TROUPEAUX
1. Les quantités d’aliments produites sur l’exploitation : c’est l’autonomie alimentaire massique ;
2. La valeur énergétique des aliments : c’est l’autonomie énergétique ;
3. La valeur protéique des rations produites sur place : c’est l’autonomie protéique.
En plus de ces critères, plusieurs facteurs influent également sur le niveau d’autonomie alimentaire des élevages bovins. Certains sont peu ou non maîtrisables par l’éleveur. Par exemple, le contexte pédoclimatique (sol, pluviométrie, température, altitude…) détermine notamment les potentiels de rendements et les possibilités de cultures (herbe, céréales, cultures fourragères). D’autres facteurs dépendent des choix techniques faits par l’éleveur en fonction de sa situation et de ses objectifs comme les espèces élevées, la nature des couverts végétaux cultivés pour nourrir les animaux… Ces choix sont liés à l’environnement socio-économique et réglementaire (politique agricole, prix des matières premières, etc.) ainsi qu’aux opportunités d’approvisionnement auprès d’industries agroalimentaires, notamment en ce qui concerne les coproduits (pulpe de betterave, drêches de blé, etc.).
• En France, un élevage bovin compte en moyenne 60 vaches(1)
.
• 84 %(2) des aliments des bovins viande sont produits sur l’exploitation, dont l’herbe, les fourrages et les céréales.
• L’herbe, c’est 78 %(3) de leur alimentation.
• La prairie et les fourrages constituent la première source de protéines.
• En pâturant, les vaches entretiennent les prairies et limitent l’utilisation d’engrais chimiques. En broutant de l’herbe, elles compensent une partie de leurs émissions de méthane par le stockage du carbone dans le sol des prairies : l’élevage bovin compense 30 % de ses émissions totales de gaz à effet de serre grâce au stockage de carbone sous prairies longue durée, prairies en rotation et haies, soit 55 % de son méthane entérique.(4)
Sources :
1. Bovins Viande – SPIE-BDNI, traitement Institut de l’élevage 2022
2. Outil CAP’2ER® – Rapport RSO 2021-22 – INTERBEV
3. Bovins viande Les chiffres clés des prairies et parcours IDELE – Cordier et al. 2020
4. « Élevage bovin et environnement : les chiffres clés » produit par l’Institut de
l’Élevage (IDELE)
REGARD D’ÉLEVEUR SUR L’ENJEU DE RENFORCER L’AUTONOMIE ALIMENTAIRE DES TROUPEAUX BOVINS
Philippe Sellier élève avec sa femme Marie-Claire des vaches Charolaises en Normandie. L’alimentation de ses bovins est essentiellement à base de fourrages, avec de l’herbe et du foin provenant de son exploitation pour nourrir ses animaux au fil des saisons.
« L’un des bénéfices de l’autonomie alimentaire, c’est d’abord d’utiliser l’herbe qu’il y a sur nos
prairies. Les prairies qui nous entourent permettent en effet d’avoir une biodiversité qui est
présente, bien développée. Cela permet aussi de rassurer le consommateur sur l’origine naturelle
de l’alimentation donnée aux vaches. »
RENFORCER ET SOUTENIR LE MODÈLE D’ÉLEVAGE HERBIVORE FRANÇAIS POUR AGIR SUR L’ENVIRONNEMENT
La filière Élevage et Viande se mobilise pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de méthane fixés par le Gouvernement d’ici 2030 (5 millions de tonnes équivalent CO2) sans miser sur une baisse du cheptel bovin allaitant en France. Et pour cela, la filière fait du modèle bovin herbager français, basé sur l’herbe et lié au sol, une priorité. La filière met en œuvre des actions pour préserver les atouts de son modèle d’élevage et réduire son impact sur l’environnement :
• VALORISER L’HERBE ET LES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES : quantifier et préserver les stocks de carbone, la biodiversité et autres services liés aux prairies valorisées par l’élevage ; promouvoir l’herbe dans l’alimentation des bovins.
• RENFORCER L’AUTONOMIE ALIMENTAIRE DES ÉLEVAGES ET LUTTER CONTRE LA DÉFORESTATION IMPORTÉE : 84 % des aliments des bovins viande sont produits sur l’exploitation.
• PRÉSERVER LA QUALITÉ DE L’AIR, DE L’EAU ET DES SOLS : le rôle des prairies sur la qualité de l’eau est reconnu, aussi bien par leurs effets directs grâce au stockage de l’azote et à l’interception des écoulements de surface, qu’indirects, en se substituant à des cultures nécessitant beaucoup d’intrants. En préservant ces prairies, l’élevage de ruminants a donc un premier impact positif. Les professionnels agissent par ailleurs tout au long de la filière pour préserver la qualité de l’eau. Plus récemment, des mesures ont été prises pour limiter la pollution de l’air aux différents maillons de la chaîne.
• ÉCONOMISER LES RESSOURCES : un enjeu clé pour la filière est de produire de la viande en utilisant le moins de ressources possibles (eau, énergie, plastique…), en maximisant le recyclage (coproduits, emballages…) et en évitant le gaspillage à tous les stades de la filière.