Les vendanges 2024 sont achevées en Bourgogne, marquant la fin d’une année éreintante. Les volumes sont réduits, mais alors que les vinifications suivent leur cours, les premiers retours des vignerons et vinificateurs sont très prometteurs.
Le tri des raisins a été strict malgré des volumes déjà bas. Mais la qualité est à ce prix ! Résultat, les moûts/vins mis en cave montrent déjà un beau potentiel.
Le travail se poursuit en cave, où la magie opère pour faire éclore le plein caractère de ce millésime. Les dégustations en amont de la Vente des Vins des Hospices de Beaune devraient confirmer ces premières impressions.
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En Bourgogne, comme dans une grande partie de la France, l’année est marquée par une météo atypique avec une pluviométrie très au-dessus des normales. S’y ajoutent des épisodes de gel et de grêle localisés mais violents.
Ces conditions sont favorables à une forte pression des maladies et demandent, tout au long du cycle, un énorme travail pour préserver la récolte. Les vendanges, plus tardives que ces dernières années, s’achèvent fin septembre. Si le potentiel quantitatif de récolte est amputé, le niveau de maturité des raisins récoltés et la technicité des vinificateurs annoncent un millésime de qualité.
Cette année aura été éprouvante pour les hommes et les femmes, comme pour la vigne. Hors norme, la météorologie 2024 a nécessité une veille constante, un travail acharné et des compromis jusqu’aux vendanges. Il a fallu être agile et confiant, pour ne rien lâcher jusqu’aux derniers jours.
Un débourrement rapide…
Après une fin d’hiver particulièrement douce par rapport à la normale, les toutes premières pointes vertes sont observées en secteur précoce sur Chardonnay vers le 22 mars. Un débourrement en avance par rapport à la normale.
Cependant, le léger rafraîchissement qui survient du 23 au 27 mars ralentit l’évolution de la végétation. Le retour de températures supérieures aux normales saisonnières, notamment lors du week-end pascal, permet une bonne évolution du débourrement.
… suivi d’un refroidissement
Les températures chaudes de la première quinzaine d’avril favorisent la croissance végétative. Tout s’enchaîne rapidement : la vigne passe en à peine deux semaines du stade pointes vertes (1er avril) au stade moyen 3-4 à 4-5 feuilles étalées (15 avril). Cette poussée précoce expose malheureusement la vigne au gel, le coton ne protégeant plus les bourgeons.
Or, à partir de mi-avril, les températures chutent. Après plus d’une semaine de lutte, ces gels successifs laissent des dégâts sur plusieurs secteurs du vignoble. Certains sont touchés beaucoup plus sévèrement que d’autres, comme dans le Clunisois, le Couchois et les Maranges.
La grêle s’invite dès le 1er mai
En mai, la grêle vient toucher durement les viticulteurs et jouer les trouble-fête avec un orage dévastateur dans le Chablisien dès le 1er mai (près de 2 000 hectares de vignes partiellement à totalement endommagés, dont certains Climats en Chablis Grand Cru et Chablis Premier Cru).
Ce n’est que le début d’une longue série : en mai, juin, juillet et tout début août, la Côte d’Or et le Chatillonnais, ainsi que le Chablisien, le sud Mâconnais et le Beaujolais sont plus ou moins touchés. Heureusement, après ce début mai frisquet, le soleil revient mi-mai et permet à la végétation de repartir vivement.
Un potentiel de récolte réduit dès la floraison
En conséquence, les toutes premières fleurs sont observées tout début juin dans les secteurs précoces, les températures douces favorisant alors une évolution rapide de la floraison. Toutefois, dans les secteurs moins précoces (sud Mâconnais et Côte Chalonnaise), le retour de températures plus fraîches ralentit cette étape cruciale.
Il faut attendre la brusque remontée du thermomètre, à compter du 17 juin, pour que la floraison s’achève dans la plupart des secteurs. Le stade estimé de mi-floraison est le 13 juin, proche de ceux observés en 2019 ou 2021.
Dans ces conditions, la fécondation des fleurs est partielle et le futur volume de récolte est d’ores et déjà entamé. Coulure et millerandage s’associent sur de nombreux secteurs, avec des grappes de petites tailles, mais bien aérées. Ce qui se révèlera un atout pour la suite.
Une maturation sous haute surveillance
L’enchaînement soleil / épisodes pluvio-orageux intenses se répète au fil des semaines… et les grappes suivent le rythme.
Les toutes premières baies vérées sont observées en Côte-d’Or vers le 20 juillet. Fin juillet, toutes les grappes sont fermées, tous cépages et tous secteurs confondus. La véraison s’amorce alors sous de fortes chaleurs, avec une humidité importante.
Cela impose aux viticulteurs un rythme effréné et une vigilance de tous les instants pour entretenir leurs vignes, éviter la propagation des maladies, maîtriser la pousse de l’herbe… Car l’humidité, bien présente depuis le printemps, est favorable au développement du mildiou qui, depuis la fleur, maintient son travail de sape et réduit petit à petit les rendements.
Août au secours de la récolte !
Le temps chaud et relativement sec qui s’installe en août assainit heureusement la situation et offre des bonnes conditions de maturation. Le temps sec permet notamment aux raisins atteints par le mildiou de sécher, ce qui rendra le tri lors des vendanges plus facile.
Toutefois, la vigilance reste de mise, avec des conditions plus automnales fin août et sur la première semaine de septembre. L’expertise seule permet de déterminer la date optimale de récolte pour garantir une qualité idéale.
Les vendanges démarrent le 2 septembre sur les parcelles de Pinot Noir dédiées à l’élaboration du Crémant de Bourgogne. Les vins tranquilles suivent à partir du 12 septembre, sous un grand soleil, ce qui permet d’attendre la bonne maturation de chaque parcelle.
Le fruit du labeur est finalement là. Car, si le volume de récolte est amputé par les aléas météo, et ce dans des proportions difficiles à évaluer à ce jour, la qualité devrait être au rendez-vous.
Les vignerons le disent tous : le tri a été sévère et les vendanges ont été vite faites en raison des volumes restreints. Mais, les moûts/vins mis en cave sont prometteurs, même si les degrés sont moins élevés que ces dernières années. C’est maintenant en cave que le travail se poursuit et que la magie opère.
Les premières dégustations, en amont de la Vente des Vins des Hospices de Beaune devraient confirmer le joli potentiel d’une année hors norme.