Jean-François Déchant, CEO d’Elicit Plant
Comprendre la crise qui bouleverse le secteur agricole français nécessite d’aborder une combinaison de facteurs économiques, géopolitiques et environnementaux, exacerbée par des politiques réglementaires inégales. Comment le secteur peut-il survivre et évoluer face à un modèle désormais obsolète ?
Quelle est votre analyse de la situation ?
“Premièrement, les agriculteurs font face à une double peine économique : d’une part, l’explosion des coûts des intrants, notamment des matières fertilisantes, liée à la volatilité des prix du pétrole. D’autre part, une chute dramatique des prix de leurs produits, comme le maïs, qui a vu son prix divisé par deux en 18 mois. Cette situation crée un effet de ciseaux dévastateur, où les coûts augmentent alors que les revenus diminuent drastiquement, mettant en péril la viabilité économique des exploitations, grandes ou petites.
Deuxièmement, la situation s’est également aggravée par l’instabilité géopolitique mondiale. La guerre en Ukraine, les tensions avec des puissances comme la Chine, la Russie et même les États-Unis, ainsi que les fluctuations des politiques européennes, perturbent les marchés agricoles. Ces événements influencent directement la disponibilité et le coût des ressources, ainsi que les marchés d’exportation, ajoutant une couche supplémentaire d’incertitude pour les agriculteurs.
Troisième facteur, le changement climatique ajoute une dimension critique à cette crise. Les modifications des schémas climatiques affectent les cycles de culture, augmentent les risques de perte de récoltes et fragilisent l’équilibre économique des exploitations agricoles. Ces défis environnementaux exigent des adaptations coûteuses et complexes.
C’est sans compter la complexité administrative, notamment liée à l’interdiction de certains produits, qui impose des contraintes supplémentaires ! Les agriculteurs se trouvent pris dans un étau réglementaire qui augmente leurs coûts de production et limite leurs options en matière de gestion des cultures.
Enfin, les agriculteurs expriment un sentiment d’injustice face au “Green Deal” européen. Ils ressentent une inégalité flagrante entre les contraintes strictes imposées aux agriculteurs européens et français en particulier et la concurrence des produits importés, qui ne sont pas soumis aux mêmes standards. Cette situation crée un déséquilibre commercial et est perçue comme injuste. Ce sentiment est renforcé par le fait que les subventions européennes pèsent pour beaucoup dans le budget Européen mais que ces subventions profitent à d’autres que les producteurs.”
Quels seront les impacts de ces défis sur le secteur agricole à court et à long terme ?
“À court terme, la volatilité des prix des intrants et l’impact accru du changement climatique provoqueront une instabilité financière et des pertes de récoltes imprévisibles, affectant particulièrement les petites exploitations. À long terme, ces défis pourraient entraîner une diminution drastique des rendements, jusqu’à 40%, et une restructuration du secteur agricole, favorisant les grandes exploitations et nécessitant une adaptation rapide aux nouvelles réalités climatiques et économiques.”
Ce qui est troublant c’est que ce point est fortement occulté par tous les protagonistes alors qu’il est certainement l’élément structurel le plus impactant dans le futur. Ne pas le prendre en compte dès à présent est une erreur qui pourrait s’avérer dramatique dans un futur proche
il y a nécessité de changer le modèle qui n’est plus viable, ni au présent ni dans le futur.
Elicit Plant, entreprise pionnière en agro-biotechnologie dont la mission est d’aider les agriculteurs à faire face aux changements climatiques