SALON INTERNATIONAL DU TRANSPORT ET DE LA LOGISTIQUE
Dans un monde marqué par les effets des crises climatiques ou géopolitiques, et, pour la France par l’organisation du méga-événement des JOP, jamais les thématiques d’approvisionnement, de flux des biens et des matières, de localisation des infrastructures ou d’énergies, de décarbonation, de révolution digitale et d’attractivité, n’auront été aussi visibles et prégnants. Notre monde est logistique ! Et il est en pleine métamorphose … la filière qui connait une mutation sans précédent de l’ensemble de sa chaîne de valeur.
L’ATTRACTIVITÉ DE LA FILIÈRE : UN ENJEU CRUCIAL POUR LES ENTREPRISES « L’attractivité est un sujet majeur pour STEF. Trois chiffres sont à retenir : + 13 000 salariés actionnaires, 80% de promotion interne, et entre 3.500 et 4.000 recrutements par an. Au regard des difficultés de recrutement et de la réalité terrain, nous avons choisi de sortir des solutions traditionnelles. Nous avons notamment imaginé des programmes tels que MIX’UP qui répond à une profonde transformation, tourné vers la mixité et l’égalité professionnelle avec un objectif de +25% de femmes dans nos effectifs d’ici 2030. Nous multiplions aussi les initiatives à destination des jeunes en allant directement à leur rencontre. En collaboration avec des associations, nous nous rapprochons de la jeunesse en zone prioritaire pour lui donner accès au monde du travail, parfois éloigné de son périmètre. Depuis 2020, nous avons aussi mis en place un programme à destination des publics réfugiés. C’est une possibilité pour eux d’intégrer la vie active et une vraie une mobilisation est observée dans les sites où ils sont intégrés. Enfin, chez STEF nous œuvrons à l’amélioration des conditions de travail au quotidien des métiers qui sont physiquement exigeant afin d’attirer et de fidéliser. Nous sommes également attentifs à offrir un équilibre vie professionnelle et personnelle à tous nos collaborateurs et à toutes nos collaboratrices. » Jean-Yves Chameyrat, Directeur Ressources Humaines, Groupe STEF
« C’est aussi un enjeu majeur pour CEVA. Les métiers de la logistique sont perçus comme pénibles, insuffisamment rémunérés et dont l’accès est difficile, les entrepôts étant éloignés des villes. Nous avons donc mis en place des partenariats avec les écoles et nous privilégions l’alternance pour attirer de jeunes talents. Nous disposons d’académies de formation interne et créons de vrais plans de carrière autour de la logistique avec la promotion de parcours internationaux pour les cadres. » Olivier Storch, PDG Adjoint de CEVA Logistics, groupe CMA CGM |
LES JEUX OLYMPIQUES : J-200
« Le comité d’organisation a décidé de confier l’intégralité de l’organisation logistique de cet événement au Groupe CMA CGM. A partir de fin juillet, l’évènement va prendre toute son importance pour s’achever début septembre. Pour CEVA l’aventure a commencé il y a un peu plus de deux ans et se terminera au début de l’année 2025. La logistique de cet évènement relève d’une organisation millimétrée. L’enjeu est de tout transporter, d’ensuite démonter et de réexporter. Si nous sommes aujourd’hui dans une phase de bump’in qui intègre la phase d’acheminement des marchandises, celle de bump’out sera tout aussi importante. Tout cela nécessite beaucoup de travail d’ingénierie. 31 sites vont être alimentés, ce qui implique environ entre 12.000 et 14.000 rotations de véhicules, et la logistique continue à l’intérieur des sites. Pour ce défi, le Groupe, qui compte 150.000 collaborateurs, se mobilise, 500 recrutements sont d’ailleurs en cours et plus de 50 managers vont être recrutés et spécifiquement formés pour l’évènement. Pour vous donner d’autres chiffres, 12.000 bagages d’athlètes sont attendus et 80.000m2 vont être nécessaires pour tout entreposer. L’activité se concentrera essentiellement en Ile-de-France, mais c’est un transport international qui aura bien lieu, avec des marchandises sourcées dans une centaine de pays qui vont toutes être acheminées ici. Cet évènement mondial est une chance pour CEVA, il y a 5 ans il n’était pas forcément imaginable qu’un acteur français réalise sa logistique. Nous jouons désormais à armes égales avec les autres grands acteurs de la logistique et cette prouesse se réalise bien sûr grâce à son lot d’innovations, essentiellement digitales. Il est important aussi de rappeler, que l’activité quotidienne continuera, les colis continueront d’être acheminés entre le 26 juillet et le 8 septembre, c’est là aussi tout l’enjeu et nous travaillons étroitement avec toutes nos filiales pour continuer à assurer la logistique du quotidien. » Olivier Storch, PDG Adjoint de CEVA Logistics, groupe CMA CGM
« La DGITM se mobilise au côté des acteurs économiques pour faciliter la logistique du quotidien. 350 épreuves vont avoir lieu sur une durée de 3 semaines, l’enjeu est de permettre à l’activité de continuer. Nous avons donc essayé de délivrer une maquette du dispositif avec les différents points bloquants, dans une logique d’anticipation. La démarche LUJOP a permis de co-construire avec les fédérations professionnelles de la logistique, la communication grand public du site : https://anticiperlesjeux.gouv. Nous avons profité de ce méga-événement pour construire en héritage la démarche Logistique Urbaine durant les Jeux Olympiques et Paralympiques (JULOP). Elle rassemble aujourd’hui la profession à l’échelle de la Métropole du Grand Paris. Elle a permis à la profession de contribuer activement à ajuster les dispositifs de sécurité au juste nécessaire préparé par la préfecture de police. Nous dévoilerons également au SITL les innovations pour faciliter la recherche d’itinéraire pour les livreurs. Cela rendu possible par les développements de la start-up d’Etat DiaLOG intégrée au sein de la DGITM » Xavier-Yves Valère, Chef de la mission fret et logistique, DGITM – Direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités
« Le groupe Pomona, ce sont 3.000 chauffeurs qui assurent la livraison de produits frais auprès de professionnels des métiers de bouche. Indéniablement, la logistique urbaine pendant les Jeux Olympiques va être aussi un défi à relever. Nous allons devoir continuer à gérer l’activité pour nos clients traditionnels parisiens. Ces mêmes clients qui vont opérer sur les sites olympiques. L’idée est de travailler avec eux en amont et adapter les entrepôts. On a entrepris, grâce à des groupes de travail, une vraie réflexion pour auditer les entrepôts et pouvoir livrer directement sur site et adapter aussi les moyens de transports à proximité des zones olympiques, notamment en termes d’horaires. » Pierre Lefevre, Responsable achats indirects, groupe Pomona |
ENTREPOT DANS LA VILLE ET LOGISTIQUE URBAINE
« Notre activité d’investisseur est, comme toutes les autres, soumise à un panel d’enjeux. Nous cherchons à intégrer nos espaces logistiques dans le paysage urbain sans le dénaturer. Nous adoptons par exemple une vraie maîtrise des impacts acoustiques et aménageons des espaces végétalisés où cela est possible. Nous sommes aussi très tournés vers la réhabilitation lorsque cela est une option, en prenant en compte l’existant afin de diminuer les émissions de carbone comme ici sur notre site des Gobelins. Une autre clé pour une logistique urbaine durable ? La massification des flux. Nous allons par ailleurs contribuer au développement d’une solution utilisant l’IA pour gérer et optimiser les flux entrants et sortants sur notre site des Gobelins. Tout d’abord en phase chantier, puis en phase d’exploitation, dans le cadre d’un partenariat avec AI Cargo Foundation, soutenu par la Région Ile-de-France. Enfin, les ZFE nous poussent aussi à innover. Elles redessinent complètement les villes et bien que parfois contraignantes, elles nous challengent à trouver des solutions et sont en ce sens transformatrices. » Edouard Ancel, Directeur City Logistics, SEGRO France |
LA DÉCARBONATION « La décarbonation est une vraie ligne directrice chez Pomona qui a amorcé sa transition énergétique avec notamment des flottes décarbonées. Nous nous fermons aucune porte, nous utilisons par exemple du biocarburant avec du Colza 100% français. Plusieurs dizaines de camions et sites exploitent aujourd’hui cette énergie. Nous sommes en effet plutôt partisans du mix énergétique, car nous utilisons également du biogaz et nous avons intégré récemment nos premiers poids lourds électriques. » Pierre Lefevre, Responsable achats indirects, groupe Pomona
« Avec l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques, on est également confronté à des problématiques de décarbonation, sur lesquelles et à juste titre, le Comité d’Organisation souhaite que CEVA soit exemplaire. Au-delà des Jeux, c’est une vraie demande de nos clients. Nos entrepôts sont d’ailleurs de plus en plus équipés de panneaux solaires, et nous avons l’objectif de couvrir 1 800 000 m2, et certains de nos sites, comme celui de Colis Privé à Compans, sont certifiés BREEAM. » Olivier Storch, PDG Adjoint de CEVA Logistics, groupe CMA CGM
QUELLE SERA LA LOGISTIQUE DE DEMAIN ? « Notre travail est d’interroger toutes les filières pour réaliser une vision de l’industrie, et donc adapter les processus économiques et visualiser une trajectoire. Pour anticiper les grandes évolutions de décarbonation de notre économie, la DGITM conduit des travaux pour accélérer le report modal, l’électrification des poids lourds. Elle a construit en interministériel une étude pour poser un scénario de référence des besoins de transports de marchandises en 2050 avec les filières économiques. Dévoilée à l’occasion du comité interministériel de la logistique du 22 décembre 2023, l’étude constate, sans surprise, que nous transporterons moins de produits fossiles, mais elle nous apprend que la demande de transport sera soutenue par la rénovation de nos bâtiments, le renforcement des circuits courts, la collecte et la transformation des matières que nous jetons aujourd’hui. Au global, en considérant à la fois un gros travail d’optimisation et l’ambition de réindustrialiser notre pays, le scénario de référence de la DGITM table sur une hausse de 12 % des tonnes/kilomètres transportées, hors transit international sur notre territoire. Nous sommes en dessous du scénario allemand qui anticipe une hausse de 45 % pour accompagner son tissu industriel. Le dialogue régulier avec les filières permettra d’affiner ces hypothèses dans le temps et calibrer notre trajectoire carbone. » Xavier-Yves Valère, Chef de la mission fret et logistique, DGITM – Direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités. |