L’évaluation 2022 affiche un bilan en demi-teinte. En France hexagonale, la part des débarquements issus de populations de poissons exploitées durablement stagne et s’établit à 51 % en 2021, contre 48 % en 2020 suite à la révision des chiffres de l’an dernier. Pour la première fois, l’Ifremer a élargi son diagnostic aux 5 départements d’Outre-mer. Il révèle des réalités très contrastées d’un département à l’autre.
Focus Science : comment la science évalue-t-elle les impacts de la pêche sur les fonds marins ? L’exemple de la Manche
D’ici 2030, l’État français s’est engagé à placer un tiers, soit 10%, de ses aires marines sous protection forte. Cet objectif implique d’y adapter les activités humaines, et notamment la pêche, afin de trouver le bon équilibre entre préservation de la biodiversité et exploitation durable des ressources. Pour accompagner cette transition, plusieurs équipes de l’Ifremer s’attachent à étudier et mesurer les impacts des engins sur les fonds marins, à analyser leurs conséquences sur les habitats et les écosystèmes, et à élaborer des mesures de remédiation.
Dans le cadre de la récente étude « Impact des engins de Pêche sur les fonds marins et la Résilience Écologique du Milieu » (IPREM) initiée par le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Normandie, l’Organisation des pêcheurs normands et l’organisation de producteurs From Nord, des scientifiques de l’Ifremer et de l’Université de Caen ont qualifié et quantifié les impacts de la pêche aux engins traînants sur les écosystèmes des fonds marins de la Manche.
L’amélioration de leur état écologique depuis les années 2000 se confirme-t-elle encore cette année ? Quelles sont les espèces « en bon état » ? Lesquelles a contrario sont surexploitées ? Au-delà de la France hexagonale, quel est l’état des principales populations pêchées dans les 5 départements d’outre-mer ? Toutes ces questions sont autant d’enjeux majeurs pour la France, troisième pays de l’Union européenne en termes de volume de poissons capturés, derrière le Danemark et l’Espagne. Tendre vers une pêche plus durable implique aussi de relever un autre défi qui anime depuis longtemps les discussions entre pêcheurs, gestionnaires, ONGs et politiques, et plus encore depuis l’annonce du renforcement prochain de la protection de certaines aires marines protégées (AMP) : comment concilier pêche de fond et préservation des écosystèmes marins ? Cette question stimule de nombreux travaux de recherche à l’Ifremer pour mesurer les impacts des engins sur les fonds marins, analyser leurs conséquences sur les habitats et les écosystèmes, mais aussi pour élaborer des mesures de remédiation.
Conclusions des évaluations 2022
Par L’Ifremer