lun. Déc 30th, 2024

Le 2 juin, les producteurs de tomates, membres de Légumes de France, organisent une action d’étiquetage visant à dénoncer la sur-représentation de tomates d’importation marocaine sur les étals des grandes surfaces en pleine période de production française. Face à une situation de concurrence déloyale, les producteurs tirent la sonnette d’alarme et appellent le gouvernement français à un soutien clair, notamment en vue de prochaines échéances législatives françaises et européennes.

 

Depuis plusieurs années, les enseignes de la grande distribution vantent, via leurs politiques « Responsabilité sociale des entreprises » (RSE), leurs engagements visant à soutenir les producteurs locaux et valoriser les légumes français. La réalité est bien différente : les distributeurs ne respectent que très partiellement leurs engagements et continuent de privilégier des légumes importés au détriment des produits français. Certaines enseignes vont encore plus loin en surfant sur les trimestres « anti-inflation » initiés par le gouvernement pour justifier la présence de produits importés à prix cassés dans leurs rayons. Ce double discours est insupportable ! D’autant plus que les producteurs français sont en capacité, en saison, d’alimenter le marché français.

 

Les importations de tomates marocaines en croissance exponentielle

 

En 2022, le Maroc est devenu le 3ième exportateur de tomates, affichant ainsi la plus forte augmentation des exportations en un an (+17%) parmi tous les pays producteurs. Sur le marché français, les tomates marocaines représentent 63% des volumes importés, dont une large partie en pleine saison de production française. De même, en 2022, les exportations de tomates vers la France étaient de 425 552 tonnes contre 357 118 en 2021, soit une augmentation exponentielle de 19,16% sur un an !                                

  (Source : douanes françaises)

 

 

 

Accord agricole UE -Maroc : des barrières douanières quasiment inexistantes

 

Selon l’accord UE/Maroc (2012), les exportations marocaines sont soumises à :

 

  • Un contingent tarifaire à droit nul de 285 000 tonnes réparties mensuellement du 1er octobre au 31 mai ; au lieu de 185 000 tonnes par an que permettait le précédent accord ;
  • Une réduction de tarif droits de douane ad valorem de 60 % de juin à septembre sans limitation ;
  • Un prix d’entrée conventionnel de 0,461 euros/ kg du 1er octobre au 31 mai (ce prix d’entrée date de 2000 et n’est même pas indexé sur l’inflation).

 

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Depuis 2014, la méthode de calcul du prix d’entrée se fait sur la base de la valeur forfaitaire à l’importation (VFI). Cette méthode ne prend pas en compte l’évolution variétale des importations de tomates marocaines et de l’offre désormais très importante en tomates cerises, ces productions ayant une forte valeur ajoutée.

 

De fait, la méthode de calcul de la VFI, l’absence de révision du prix d’entrée conventionnel, les réductions ou l’absence de droits de douanes sur des volumes importants, équivalent à l’absence presque totale de barrières douanières entre le Maroc et l’Europe et à l’absence de protection du marché européen.

 

Des aberrations environnementales

Malgré des conditions météorologiques favorables qui lui permettent d’alimenter le marché français même l’hiver, le Maroc est classé parmi les pays à « stress hydrique élevé ». Il a par ailleurs presque atteint le seuil de pénurie d’eau à la suite d’un important épisode de sécheresse en 2022. En effet, le développement de l’irrigation dans le cadre du Plan Maroc vert a contribué à la surexploitation de la plupart des ressources en eaux souterraines et à la baisse alarmante des niveaux de plusieurs nappes, ainsi qu’à la dégradation de la qualité de l’eau.

 

Des avantages concurrentiels impossibles à suivre pour les producteurs français

Sans surprise, c’est grâce au coût extrêmement bas de la main d’œuvre que les producteurs marocains parviennent à présenter sur les étals français des prix défiant toute concurrence. Au Maroc, le salaire minimal brut horaire est de 0,69€, soit un coût employeur de 0,74€. L’écart avec la France est de 12,90 € !

 

 

Une origine Maroc illisible pour les consommateurs

 

Aujourd’hui, les consommateurs sont attentifs à la qualité ainsi qu’à l’origine des produits qui composent leur alimentation. Selon une enquête « terrain » commanditée par l’AOPn Tomates et Concombres de France en octobre 2022 : 79 % des acheteurs jugent l’origine importante dans leurs achats de tomates cerises après l’aspect et le prix.

 

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Cette étude révèle que l’étiquetage des tomates est bien problématique :

  • 94 % des acheteurs jugent l’origine non identifiable sur l’emballage Azura (principal opérateur marocain de tomates cerises).
  • Seulement 39 % des acheteurs Azura connaissent l’origine du produit qu’ils ont acheté et seuls 7% ont appris l’origine via l’emballage.

 

A l’occasion de cette opération d’étiquetage, les producteurs français de tomates demandent aux enseignes de la grande distribution, lorsque l’offre de produits français est disponible, de proposer aux consommateurs exclusivement des tomates françaises aux consommateurs.

Ils réitèrent également leurs revendications auprès des pouvoirs publics d’un affichage plus visible pour les consommateurs français :

      Impression du drapeau du pays producteur avec une hauteur de 15 mm minimum. Et à proximité immédiate du drapeau : conserver la mention écrite d’origine selon la hauteur de corps de caractère spécifiée dans l’actuel règlement Information consommateurs

      Mention du marquage d’origine du produit apposée sur la face supérieure de l’emballage du produit (face la plus visible en rayon).

      La mention du lieu et du pays d’emballage doit être écrite en taille de caractère inférieure à celle du pays d’origine.

 

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