A la Une (flux wire)

L’épidémie silencieuse des allergies, l’urgence d’agir ! Un appel clair à accélérer la mobilisation nationale

PARIS–(BUSINESS WIRE)–Le Collectif National Allergies (CNA) a réuni, le 1er décembre 2025 au Palais du Luxembourg, plus d’une centaine de participants – professionnels de santé, associations de patients, élus, chercheurs et représentants institutionnels – pour son colloque consacré à la progression alarmante des allergies en France.


L’événement, organisé sous le parrainage de Madame Jocelyne Antoine, Sénatrice de la Meuse, a mis en lumière un enjeu de santé publique devenu majeur.

18 millions de Français concernés : une réalité de santé publique incontournable

Dès l’ouverture, les intervenants ont rappelé qu’au moins un Français sur trois, soit 18 millions de personnes, est aujourd’hui concerné par une maladie allergique, dont au moins 3,6 millions souffrent d’une forme sévèrement invalidante1. Cette dynamique rejoint les projections de l’OMS, qui estime que 50 % de la population mondiale pourrait être allergique en 2050. Cette augmentation est essentiellement due à une diminution de la biodiversité de notre environnement.

Comme l’ont souligné les Drs Luc Colas et Amandine Divaret-Chauveau, les maladies allergiques sont « de plus en plus fréquentes, sévères et complexes, avec de nombreuses pathologies allergiques associées et l’apparition de nouvelles pathologies comme l’œsophagite à éosinophiles ou le Syndrome d’Entérocolite induit par les protéines alimentaires (SEIPA) »

Les conséquences de ces maladies chroniques sur la qualité de vie sont profondes, entraînant des réactions allergiques parfois graves (anaphylaxie), des hospitalisations (liées à l’asthme notamment), de la fatigue, des troubles du sommeil, des difficultés scolaires et professionnelles, des restrictions alimentaires multiples ainsi que des activités quotidiennes et des impacts psychologiques et sociaux.

Sur le plan économique, l’impact est tout aussi majeur : Margaux Sanchez, ANSES, rappelle qu’à elle seule « la rhinite allergique coûte 742 € par patient et par an », soit près de 900 millions d’euros au niveau national, l’asthme allergique représente environ 1 milliard d’euros, et la seule allergie à l’ambroisie au moins 59 millions d’euros par an. À l’échelle européenne, le coût global des allergies est estimé entre 1 800 et 6 600 euros par patient et par an.

Un déficit d’allergologues qui fragilise l’accès à des soins spécialisés

Le colloque a mis en lumière une tension démographique préoccupante. Céline Palussière, Présidente du CNPA a indiqué que « En 2019, la France comptait seulement 422 allergologues et 1 429 médecins d’autres spécialités exerçant l’allergologie ».

Avec une file active moyenne de 1800 patients par allergologue en ville, la prise en charge est déjà sous tension. Pour répondre aux besoins des patients souffrant d’allergies sévères, il faudrait tripler le nombre actuel d’allergologues. Pour 3,6 millions de patients sévèrement atteints, ce sont près de 2 000 spécialistes qui seraient nécessaires, soit un déficit de plus de 1 500 allergologues.

Alors que seulement 35 internes accèdent au DES d’allergologie, « seule la formation de 90 internes par an est nécessaire pour éviter une aggravation durable de la pénurie ».

Une spécialité qui s’appuie sur de solides preuves scientifiques

Les intervenants ont rappelé que l’allergologie est une discipline médicale s’appuyant largement sur des données scientifiques publiées dans des revues scientifiques de haut niveau (The Lancet, The New England Journal of Medicine, JACI, Allergy) et sur les recommandations officielles de l’EAACI2, de l’AAAAI3 et de la SFA4.

On peut citer comme exemple la prévention des allergies alimentaires par diversification précoce (l’implémentation de cette stratégie a permis à l’allergie à l’arachide de ne plus être la première aux Etats-Unis) ou encore l’intérêt de l’immunothérapie allergénique dans le traitement des allergies respiratoires : rhinite allergique et asthme. Le Pr Lezmi rappelle que « l’immunothérapie respiratoire est la seule approche capable de modifier l’histoire naturelle de la rhinite allergique et de prévenir l’apparition d’asthme ».

L’immunothérapie alimentaire, aujourd’hui recommandée par les Sociétés savantes internationales dans les allergies alimentaires sévères, constitue une avancée reconnue dans la prise en charge.

Ces éléments démontrent que l’allergologie n’est pas uniquement une discipline de soins, mais également une spécialité de prévention, essentielle pour réduire la charge des maladies chroniques au niveau individuel mais aussi collectif.

Un enjeu institutionnel structurant : la création d’un CNU d’allergologie

Plusieurs intervenants ont insisté sur l’importance de créer un Conseil National Universitaire (CNU) d’allergologie, via une inter-sous-section dédiée.

Le Pr Lezmi a rappelé que la spécialité, reconnue en 2017, ne dispose pas encore du cadre universitaire nécessaire à sa structuration. La création d’un CNU permettrait de nommer davantage d’enseignants, de soutenir la formation des internes, de renforcer la recherche et de renforcer l’attractivité de l’allergologie.

Structurer l’offre de soins à travers le déploiement des UTA (Unités Transversales d’Allergologie)

La Direction générale de l’offre de soins (DGOS) a annoncé qu’une enquête nationale serait menée au premier semestre 2026 auprès des Agences régionales de santé afin d’évaluer le déploiement des Unités Transversales d’Allergologie (UTA) et d’harmoniser leur implantation sur le territoire.

Les allergologues ont rappelé que ces unités jouent un rôle clé dans la prise en charge des cas complexes, la réalisation des explorations spécialisées, l’accès aux tests de provocation, mais aussi dans la formation des internes. Leur développement exige une volonté politique claire, un financement dédié et la création de postes d’allergologues, notamment dans les hôpitaux.

Un nouvel élan pour la recherche en allergologie avec la création d’un fonds de dotation

En clôture du colloque, le Pr Frédéric Bérard, Président de la SFA, a annoncé la création d’un Fonds de Dotation pour les allergies dont une des missions sera de promouvoir la recherche en allergologie. Celui-ci a vocation à soutenir les projets innovants, accélérer l’émergence de nouvelles approches diagnostiques et thérapeutiques, et renforcer l’attractivité de cette spécialité en pleine expansion.

À l’issue de cette matinée d’échanges, un message clair s’est imposé : les allergies ne sont plus un simple inconfort saisonnier, mais une épidémie qui touche plus d’une personne sur trois, avec des conséquences médicales, économiques et sociales majeures.

Comme l’a résumé la Dr Isabelle Bosse, présidente de la FFAL, « nous ne manquons pas de patients, nous manquons de moyens ».

Mais les solutions existent, et certaines peuvent être mises en œuvre à coût nul : l’augmentation du nombre d’internes en allergologie dans un numerus clausus global inchangé, ou encore la création d’un CNU qui ne génère aucune dépense supplémentaire.

L’enjeu n’est donc pas que financier mais surtout politique : il appartient désormais aux décideurs publics de prendre leurs responsabilités face à cette épidémie croissante et de donner à ces solutions l’ampleur nécessaire pour améliorer durablement la santé de millions de Français.

1 EAACI 2015

2 EAACI : European Association of Allergy & Clinical Immunology

3 AAAAI : American Academy of Allergy, Asthma & Immunology

4 SFA : Société Française d’Allergologie

Contacts

Contact presse
Agence CLAI
Elissa Bezaz

elissa.bezaz@clai2.com

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page