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La cybersécurité au menu de l’industrie agroalimentaire
Par Marcel Koks, Senior Director, Industry & Solution Strategy, Infor
Traditionnellement, le secteur de l’alimentation et des boissons privilégie l’investissement dans des équipements industriels plutôt que dans des technologies de l’information. Mais cette priorité est aujourd’hui remise en cause. La digitalisation croissante des chaînes logistiques, couplée à l’évolution constante des tactiques, techniques et procédures (TTP) des cybercriminels, en font un secteur classé infrastructure critique et une cible privilégiée pour des attaques toujours plus sophistiquées.
Entre 2018 et 2023, les attaques par ransomware ont coûté à cette industrie 1,4 milliard $ (1,2 milliard €) principalement en raison des arrêts de production. Pour y faire face, les acteurs du secteur doivent désormais s’appuyer sur des experts du cloud afin de renforcer leur sécurité et d’accéder à une expertise industrielle autrement inaccessible.
Dans la ligne de mire des cybercriminels
Les entreprises européennes du secteur de l’alimentation et des boissons doivent gérer une surface d’attaque en constante expansion. Beaucoup dépendent encore de systèmes industriels obsolètes, mal protégés et difficiles à moderniser. Leur intégration avec les nouvelles technologies IT, combinée à une connectivité accrue (IoT, …), expose davantage ces infrastructures aux cyberattaques. Les pirates exploitent ces failles pour infiltrer les réseaux (endpoints) à distance, tandis que l’adoption de solutions numériques – bien que nécessaire pour améliorer leur productivité – aggrave encore les vulnérabilités.
Par ailleurs, les supply chains, de plus en plus complexes, deviennent un maillon faible : selon une récente étude internationale, 90% des cyberattaques subies par le secteur trouvent leur origine chez des fournisseurs tiers.
Des cybercriminels toujours plus organisés
La cybercriminalité se professionnalise. Les outils d’attaque (ransomware, phishing, infostealers…) ne cessent d’évoluer et sont désormais accessibles via des modèles As-a- Service, abaissant le seuil d’entrée pour les hackers. Un rapport de McKinsey montre clairement que l’IA devrait accélérer cette tendance, et souligne que cette technologie va « rapidement remodeler le paysage de la cybersécurité, offrant des opportunités sans précédent aux cybercriminels tout en posant des défis majeurs aux entreprises et leurs dirigeants. »
Les exemples récents sont édifiants :
• Mai 2025, le géant laitier allemand Arla Foods subit une attaque par ransomware paralysant son site d’Upahl.
• En 2024, Vossko, spécialiste des plats préparés, voit ses systèmes informatiques, cryptés, entraînant une interruption prolongée de sa production.
• En 2021, l’entreprise française Avril, spécialisée dans les huiles végétales, ferme ses systèmes informatiques pendant plusieurs jours après une cyberattaque.
Au-delà des groupes criminels motivés par l’appât du gain, les États hostiles pourraient cibler ce secteur pour déstabiliser l’économie du pays ciblé.
• Mai 2025, le géant laitier allemand Arla Foods subit une attaque par ransomware paralysant son site d’Upahl.
• En 2024, Vossko, spécialiste des plats préparés, voit ses systèmes informatiques, cryptés, entraînant une interruption prolongée de sa production.
• En 2021, l’entreprise française Avril, spécialisée dans les huiles végétales, ferme ses systèmes informatiques pendant plusieurs jours après une cyberattaque.
Au-delà des groupes criminels motivés par l’appât du gain, les États hostiles pourraient cibler ce secteur pour déstabiliser l’économie du pays ciblé.
Le cloud, une solution pour renforcer la résilience
Les coûts des cyberattaques sont considérables. Selon un rapport publié sur ce secteur, 70% des responsables interrogés déclarent des pertes financières supérieures à 100,000 dollars (85,000 euros) résultant d’attaques affectant leurs systèmes cyber et physiques, et 30% subissent des préjudices dépassant 1 million $ (850,000 euros). À ces pertes s’ajoutent des fuites de données, des perturbations opérationnelles, une érosion de la clientèle et des sanctions réglementaires. Auparavant essentiellement centrée sur les secteurs de l’énergie et des télécommunications, la directive NIS 2 a d’ailleurs élargi son champ d’application afin d’inclure l’agroalimentaire, reconnaissant son rôle stratégique.
Cette évolution témoigne d’une prise de conscience. Il devient indispensable de protéger toute la supply chain alimentaire, production et distribution confondues, face à la multiplication des cybermenaces, compte tenu de son rôle vital pour la stabilité sociétale et la sécurité sanitaire des populations.
Les impacts financiers et la dégradation de l’image de marque peuvent être dévastateurs pour les acteurs de l’agroalimentaire. Ceux-ci doivent impérativement combler les failles de leur sécurité, sans perdre de vue les impératifs économiques.
Pourtant, nombreuses sont les entreprises qui persistent à utiliser des solutions héritées et On-Premise, vulnérables face à des menaces toujours plus sophistiquées.
Certains acteurs ont déjà fait le choix du cloud pour se protéger. Sazon, inc., fabricant américain de produits d’assaisonnement, a migré vers une solution industrielle basée dans le cloud après une attaque par ransomware. La migration vers le cloud a apporté de nombreux bénéfices. Elle a non seulement permis de résoudre la menace immédiate, mais s’est également traduite par un renforcement de la sécurité, une visibilité accrue sur les données intégrées et une agilité renforcée. L’entreprise a reconnu que son investissement dans le cloud lui a permis de gagner en sécurité et résilience.
Les fournisseurs hyperscale IaaS comme AWS investissent massivement dans la cybersécurité, offrant à leurs clients un niveau de protection qu’ils ne pourraient atteindre seuls. Les PME bénéficient quant à elles d’un accès à des technologies de pointe, comme la surveillance continue, et des connaissances spécialisées, adaptées au secteur de l’alimentation et des boissons.
Ces fournisseurs sont dès lors en capacité de les conseiller sur les bonnes pratiques cyber, en fonction des spécificités de leur métier. Il s’agit ici d’adopter un comportement plus proactif en mettant l’accent sur les aspects tels que la formation et la sensibilisation des utilisateurs, l’identité et la gestion de l’accès aux données, ainsi que sur la rapidité de mise en œuvre des correctifs. Tout cela en vue de mettre en place la résilience requise et améliorer les réponses apportées aux incidents.
La cybersécurité comme levier de performance
Toutefois, il est important de souligner que la sécurité du cloud reste une responsabilité partagée. Les entreprises de l’industrie agroalimentaire doivent identifier les zones critiques de leur infrastructure IT et définir celles qui doivent être sécurisées en priorité.


