Producteur fermier de fromage Abondance à Châtel
Pierre Crépy
Le grand-père et le père de Pierre étaient déjà producteurs et opérateurs de la filière bien avant sa naissance.
Aujourd’hui, il travaille au sein de l’exploitation familiale aux côtés de son père, à la ferme du Linga à Châtel. Au-delà de la transmission, bien présente dans le monde agricole, c’est par choix et par passion que Pierre Crépy s’est lancé et s’investit à son tour dans la filière Abondance.
Pour le Syndicat du fromage Abondance, cet engagement se matérialise par un plafond de production pour
chaque atelier de fabrication : 500 000 kg de lait par an pour les fermiers et 5 millions de kg de lait par an pour
les laitiers, dits fruitières.
Cette mesure permet ainsi de conserver un grand nombre d’ateliers, répartis sur l’ensemble de la zone de
production de l’AOP Abondance et générateurs d’emplois, tout en respectant un procédé de fabrication artisanal.
Une décision inscrite dans le cahier des charges et unique en Europe qui éloigne la standardisation, garantit la
richesse et la qualité du fromage Abondance et protège les producteurs.
Que représentent pour vous l’AOP Abondance et son héritage ?
« L’AOP Abondance, c’est une tradition, un terroir et des valeurs. La filière est composée de petites exploitations, de structures familiales, qui savent rester à taille humaine. L’obtention de l’appellation en 1990 a d’ailleurs participé au maintien des fermes sur le territoire et au soutien du tourisme local qui se développait alors grâce aux stations de ski. »
Quels changements observez-vous dans la manière de travailler aujourd’hui par rapport aux générations précédentes ?
« La technologie a amené un grand progrès au sein des fermes et offre un confort de travail au quotidien.
Il y a aujourd’hui des systèmes qui nous permettent d’être plus efficaces, pour la traite notamment. Les grands efforts physiques sont moins importants, comme pour la génération de nos grands-parents par exemple. Avant, il n’y avait pas de chemin pour rejoindre certains chalets d’alpage en voiture ; ces déplacements se faisaient avec un cheval ou à pied. Si la façon de travailler a certes évolué, les enjeux de production et les difficultés restent les mêmes. Il y en a certaines qui arrivent à être gérées plus simplement et d’autres qui restent sensiblement les mêmes. »
Quels sont, selon vous, les défis que la filière devra relever dans les années à venir ?
« En Haute-Savoie, le foncier reste un sujet d’importance car les agriculteurs ont besoin de surface et de pâturage pour faire leur métier. Mais avant de penser au terrain, il faut penser à l’humain.
L’enjeu principal sera selon moi la transmission : continuer d’inciter la jeunesse à reprendre les fermes.
On constate que de plus en plus de petites d’exploitations ferment, parfois par impossibilité de reprise. Mais nous avons de la chance, il y a de la jeunesse encore dans la filière Abondance ; et des jeunes passionnés, motivés et engagés. »
« Concilier tradition et innovation, c’est ce qui fait l’AOP Abondance aujourd’hui et c’est ce qui nous motive tous à continuer chaque jour. Le cahier des charges nous protège et nous permettra de continuer à faire rayonner la filière et le fromage tout en s’adaptant aux nouvelles contraintes et aux nouveaux enjeux. »